un jour je grimperai le mont blanc
un jour je danserai le tango,
un jour je partirai en bateau...
on a tous une liste comme ça de choses qu'on fera un jour, sans doute.
Et parfois ces jours là n'arrivent pas, entre autres parce qu'on passe tout son temps à faire tout ce qui n'est pas sur cette liste!
Il y avait aussi, sur la mienne: un jour je ferai un truc comme sauter dans le vide. Un peu flou me direz vous.
D'abord j'avais bien pensé au saut à l'élastique. Mais en fait il me semble que je risquais surtout de me prendre une vache ou de me faire le cou du lapin. Non, merci.
Ensuite il y a bien le saut en parachute, mais je me vois forcément en treillis militaire avec du cirage noir sur le visage dans un horizon de nuages... comme je ne ressemble ni à Tom Cruise ni à Tom Hanks, j'ai renoncé.
Et voilà que se présente à moi l'occasion rêvée et un peu la rolls dans son genre, le vol au dessus des morros de Rio.
On appelle, on réserve. Le mec me dit au téléphone: C'est pour maintenant? Venez dans une heure. Ah non non, ouh là... non lui dis je, il ne faut pas non plus tester ma bravoure en me prenant de court. Il faut quand même se préparer un peu psychologiquement. Demain, c'est mieux.
Le lendemain je ne faisais pas non plus ma kamikase super zen, la vérité c'est que je ne monte plus sur des manèges depuis des années, parceque ça me retourne le ventre. Bon.
On arrive à San Conrado, là c'est un peu le zouk à l'instructeur, on se demande si finalement le gars ne va pas chopper le premier surfeur venu pour nous emmener là haut. Une jeep nous fait traverser la forêt jusqu'à la plate forme en altitude. Je me sens plus en confiance: quelqu'un nous parle, enfin. Il nous parle des saucissons et des fromages, mais enfin peu importe, je me sens plus en confiance. En haut, 2 ou 3 deltaplanes déployés nous attendent. C'est du parapente qu'on voulait faire, et je l'avais bien spécifié. Mais il faut savoir s'adapter ici, et à vrai dire on n'a plus le choix.
Quelques conseils techniques, succints. Puis on court sur la surface en bois, et on s'élance dans le vide.
Je n'ai le temps de penser à rien, je me concentre pour être un bon co pilote pour Ricardo, ou tout du moins de ne pas mettre mes jambes et mes bras n'importe où.
Et là...c'est encore plus formidable que tout ce que l'on peut imaginer. Une bouffée de bonheur intense m'envahit. Outre la vue, sublime, sur les morros, avec la roche de la pedra de Gavea tout près, les 2 irmaos à gauche, rocinha qui égraine ses petites baraques, et bien sur l'Océan, immense et plissé en dessous... outre cette vue, je sens le vent dans ce qui me semble être le prolongement de mon corps. Mes ailes.
Les forces travaillent, la gravité est là et nous la défions. Cette sensation physique est très forte et je ne m'y attendais pas. Quelle a du être l'euphorie de ces bricoleurs un peu fous qui ont réussi, après des années d'acharnement et au risque de leur vie à l'époque, à s'élancer ainsi dans le ciel...
Pour moi c'est du tout cuit, je suis Icare mais je ne finirai pas comme lui.
Nous amorçons un virage, et les vautours en dessous de nous profitent aussi de ce vent favorable.
Il claque dans la surface de nos ailes, et il nous porte un peu plus loin.
Je vois notre ombre glisser rapidement sur les vagues en bas...
Alors qu'y avait-il d'autre sur cette liste?
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