Quand on pense à Bahia, on imagine d'abord la f
ête, la danse, les femmes. Dans mon cas, c'est un peu à cause de Jorge Amado, avec sa dona flor sensuelle et parfumée...on a envie de dire Bahia de tous les se(i)ns.
Mais Salvador serait aussi, à l'échelle du continent, une Athènes, une Alexandrie ou une Jérusalem. Ce n'est pas de moi, c'est ce qu'écrit Zweig.
Et c'est vrai, la ville respire le passé, rejouant éternellement l'histoire coloniale du pays: les premiers portugais, ainsi que les nombreux esclaves qui arrivaient par bateau dans le port de Bahia, semblent encore hanter les lieux.
On voit aussi d'où Adriana Varejao tire son inspiration baroque.
Bahia de tous les sangs.
Eglises de toutes part, cohabitations de cultes, le syncrétisme local est fort.
Nous nous sommes aventurés en périphérie de la ville pour assister à une cérémonie de condomblé, à l'occasion d'un rituel marquant la fin de la période de Xango. Après les danses et les chants des initiés prenant un air volontairement renfrogné, un vieux monsieur charmant nous a fait la conversation, citant des français adeptes du condomblé en guise de bienvenue: Pierre Verger, Sartre, Simone de Beauvoir.
Sympa d'hériter de tout cet apanage culturel, m
ême si on n'y est strictement pour rien, nous. Injuste pour le visiteur slovaque! Mais de toute façon on est tous seuls, et nous n'avons vu que des blacks partout.
Sauf à la capoeira, qui reflétant ce nouveau Brésil, faisait tournoyer japonais, blondes et métis variés, tous sexy et bien musclés. Je les soupçonne de ne pas manger tellement de feijao finalement.
Dans l'avion, mon voisin bahianais m'avais dit: tu verras, à Salvador, les gens sont assez pauvres, mais ils sont heureux. Comme quoi l'histoire a pu engendrer un peuple plus serein que l'on aurait pu l'imaginer.